Il est en bonne compagnie, à une petite longueur d’Appolo Faye et Victor Wembanyama, auteurs de 20 points pour leur grande première internationale, plus loin de Bob Riley (25) et Robert Busnel (30). En à peine 14 minutes, Alexandre Sarr a rendu une copie presque parfaite de 19 points et 4 rebonds. La cinquième meilleure marque de l'histoire pour un rookie. Un statut qui était le sien aux Wizards cette saison et qu’il prolonge en sélection. Avec une égale réussite. Membre de la All-rookie first team avec Zaccharie Risacher, il ne quitte pas d’une semelle son compagnon de la génération 2005.
Ensemble, ils ont connu des campagnes U16, U17 et U19, les deux dernières ponctuées par deux médailles mondiales (bronze et argent). Réunis désormais chez les A après avoir été numéro un et deux de la draft 2024, ils comptent maintenir le standing des Bleus, médaillés d’argent lors des Jeux Olympiques de Tokyo et Paris : "On sait que de grands noms du basket français ne sont plus là. Il faut prendre le relai. Il y a un nouveau coach, de nouveaux joueurs. On se rend compte qu’on a une chance de faire quelque chose de spécial." Et pour y parvenir, le longiligne poste 4/5 compte sur l’expérience rare qu’il a accumulée depuis son départ de France en 2019. "A 14 ans je suis parti en Espagne, au Real Madrid et ça m’a appris le jeu à l’espagnol, le QI basket", détaille-t-il. "De 16 à 18 ans j’étais à OTE aux Etats-Unis, avec le côté wild (fou) basé sur le un contre un. Ensuite en Australie c’était une Ligue très rugueuse. Le mélange des trois est intéressant."
A 20 ans, son talent multi-facettes saute aux yeux et il n’a pas tardé à l’exposer sur le parquet du Vendéspace. 8 points en 150 secondes pour son entrée en jeu contre le Monténégro, avec deux tirs primés et un dunk : "Je veux prendre ce que le jeu me donne. C’est un équilibre entre s’écarter et rouler au cercle… Je pense apporter ma polyvalence, en défense comme en attaque. Défendre sur des extérieurs ou protéger le cercle. Jouer intérieur-extérieur offensivement." Un profil qui a séduit les recruteurs NBA et qui interpelle déjà Frédéric Fauthoux. "J’ai aimé son alternance. Sa capacité à être dans le tir à trois-points ou dans la raquette. Sa capacité à être efficace en peu de temps est aussi importante", estime le coach qui souhaite voir son jeune intérieur "faire les choses avec densité, dureté quand il sera impacté."
Le premier test aura été concluant même si Sarr lui-même reconnaît qu’il reste du chemin à parcourir pour s’adapter à un basket qu’il n’a que peu pratiqué ces dernières années. "Il y a beaucoup moins de spacing en FIBA", remarque-t-il. "Il faut donc être plus juste sur chaque mouvement sinon ça peut coûter une balle perdue… J’essaye juste d’apprendre, de poser des questions aux gars qui ont de l’expérience. Voir comment je peux m’adapter." S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur la hiérarchie intérieure des Bleus, Alexandre Sarr a cependant marqué des points dans la course au roster final, alors que le séjour palois de l’Équipe de France devrait dessiner un peu plus son identité.